Retournons aux jeux expérimentaux en Flash plus profonds qu'il n'y paraît de prime abord. Aujourd'hui je vous présente The Company of Myself. En apparence, c'est un jeu de plates-formes assez classique, avec une petite subtilité qui le place dans les "portal-like". Mais il ne faut pas se fier aux apparences...
D'un point de vue du gameplay, comme annoncé, rien de très nouveau. On se déplace avec les flèches, notre personnage est dans un décor simple avec point de départ et point d'arrivée, il faut réussir à aller de l'un à l'autre. Hop. Hardi. Très vite, au bout de quelques niveaux seulement, on découvre l'élément de gameplay qui fait la particularité du jeu : si l'on appuie sur la barre d'espace, le protagoniste disparaît dans un nuage de fumée violette et réapparaît au début du niveau, accompagné d'une ombre...
Cette ombre, c'est la vôtre, ou plutôt celle du protagoniste. Et elle va refaire exactement tous les mouvements de votre tentative précédente : elle se déplacera, activera les interrupteurs et sautera de plate-forme en plate-forme exactement comme vous venez de le faire. Le jeu enregistre toutes vos actions : appuyer sur espace permet à votre ombre de refaire vos dernières actions, de ré-exécuter la "macro" que vous venez d'enregistrer.
Au début, bien sûr, les tâches à faire seront simples : laisser votre ombre aller activer un interrupteur au fond d'un puits trop profond pour que vous puissiez en remonter, tandis que votre "vrai" vous se dirige directement vers la sortie. Mais très vite le jeu se complexifie : champs de force qui vous bloquent mais ne bloquent pas vos ombres, champs de force inverses... Sans être vraiment difficile, le jeu vous fera toutefois réfléchir plus d'une fois.
Voilà pour le gameplay. Encore une fois, rien de très original : le fait de devoir interagir avec plusieurs instances de vous-même (d'où le titre, d'ailleurs) n'est pas nouveau ; certains d'entre-vous auront reconnu le concept de Cursor*10. Mais le jeu se démarque par son histoire et son ambiance. Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà joué à un jeu de plates-formes auto-descriptif à la première personne...
I am somewhat impatient, but I know the game will be loaded soon.
I make a mental note that I can press p to continue.
Car l'hermite que vous suivez est très bavard pour quelqu'un qui n'a comme seuls interlocuteurs visibles que de pâles copies de lui-même. Son discours est un mélange de cassage partiel du quatrième mur ("j'appuie sur espace") et de narration. Car au fur et à mesure des niveaux, votre personnage vous narre, à vous qui le suivez, son histoire. Ce dont il se souvient.
Et cette histoire, d'étrange, puis touchante, devient poignante. Triste. Le twist final, plus qu'il ne bouleverse la compréhension qu'on a de l'histoire, vient apporter une nouvelle ligne de lecture qui fait prendre aux éléments de gameplay un sens nouveau. Qui permet de prendre du recul. Comme si depuis le début le quatrième mur qu'on croyait voir brisé n'était qu'un faux.
Le tout est servi par une musique sympa, plutôt mélancolique, qui colle bien à l'ambiance. Je le classe dans les jeux "sérieux" car il a un petit quelque chose de simple et de poignant qui me touche.
Bref, testez. C'est rapide, simple et touchant. Pour y jouer c'est ici.
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