J'ai eu récemment l'occasion de voir Limitless, un film sorti en mai dernier. Tout le scénario repose sur un postulat scientifiquement faux, le fameux mythe de "on n'utilise que n% de notre cerveau". Le film suit l'histoire d'un écrivaillon paumé qui n'a pas encore réussi à écrire la moindre ligne de son premier livre, et qui tombe par hasard sur une drogue expérimentale, la NZT-48, qui lui permet "d'utiliser son cerveau à 100%", le rendant soudainement suprêmement intelligent.
L'intelligence
Mais qu'est-ce que ça veut dire, être intelligent ? Le film offre une réponse intéressante. Ce n'est pas soudainement savoir des choses qu'on ne savait pas avant : il n'y a pas création d'information. Ici, le boost d'intelligence s'articule en trois aspects.
Le film est globalement pas mal fait. On retrouve quelques grosses ficelles hollywoodiennes par-ci par-là, mais il reste distrayant, voire prenant.
Sa représentation
Mais ce qui m'a principalement intéressé, c'est la façon dont le film représente l'intelligence. Comment il fait sentir la transition d'un état à l'autre, comment il représente ces capacités accrues... Et aussi comment il fait sentir la chape de plomb qui s'abat sur le protagoniste à chaque fois qu'il redevient normal.
Le premier élément, c'est bien sûr la couleur. Depuis qu'on est capable de modifier les couleurs en post-production, il est devenu usuel d'avoir des ambiances liées à des couleurs spécifiques. Qu'on repense au vert de Matrix ou au bleu de Minority Report, par exemple. Bien sûr, comme toute technologie, il y en a eu des us et des abus, notamment l'opposition systématique teal / orange. Limitless n'échappe pas à la règle (il suffit de regarder la plupart des affiches du film).
Toutefois, même si cette opposition est présente dans le film, elle a lieu par scène et non en permanence (pas de ça, ni de ça). Les scènes pendant lesquelles le héros est dans son état normal sont ternes, bleues / grisâtres, comme l'image ci-dessus. Sous l'influence de la drogue, les couleurs s'échauffent (voir ci-dessous).
Lors de la transition, la caméra augmente considérablement son angle de vue (ressemblant un peu à un effet fish-eye), les couleurs changent... les phases de "réflexion" sont de plus illustrées par des effets plus ou moins abstraits, la caméra est plus dynamique... Tout contribue en fait à faire sentir (presque physiquement) les limites du personnage normal : terne et étriqué.
Enfin, voilà. Ce n'est pas le film du siècle, mais j'ai bien aimé sa manière de représenter l'intelligence, tant dans les petits détails que dans le jeu de l'acteur. Bref, c'est sympa.
- Les sens.
Ils ne sont pas plus aiguisés que d'habitude, ce n'est pas un "super-pouvoir". Simplement, le ratio signal / bruit augmente : plus d'informations sont extraites de la même source. Plus d'attention aux détails. Là où la personne normale ne voit que l'image d'une foule, la personne sous NZT repère chaque objet, chaque détail, chaque geste.
- La mémoire.
Pour faire une comparaison informatique, toute la mémoire devient de la RAM, littéralement : on accède en temps constant à n'importe quelle information qui a été un jour stockée dans le cerveau, aussi lointain et enfoui soit le souvenir. Et l'écriture se fait tout aussi vite, ce qui offre une vitesse de mémorisation très grandement accrue. En pratique, ça donne donc une sorte de mémoire eidétique boostée.
- L'analyse.
Le film ne s'étend pas sur la façon dont la NZT améliore le traitement des données, ce n'est donc là que spéculation. Il suggère simplement que le traitement lui-même est fortement accéléré (les fameux 100%), la façon dont le traitement a lieu pouvant probablement être différente chez chacun. Chez le protagoniste, ce sont manifestement les capacités de calcul / raisonnement / association qui sont boostées.
Le film est globalement pas mal fait. On retrouve quelques grosses ficelles hollywoodiennes par-ci par-là, mais il reste distrayant, voire prenant.
Avant. |
Sa représentation
Mais ce qui m'a principalement intéressé, c'est la façon dont le film représente l'intelligence. Comment il fait sentir la transition d'un état à l'autre, comment il représente ces capacités accrues... Et aussi comment il fait sentir la chape de plomb qui s'abat sur le protagoniste à chaque fois qu'il redevient normal.
Le premier élément, c'est bien sûr la couleur. Depuis qu'on est capable de modifier les couleurs en post-production, il est devenu usuel d'avoir des ambiances liées à des couleurs spécifiques. Qu'on repense au vert de Matrix ou au bleu de Minority Report, par exemple. Bien sûr, comme toute technologie, il y en a eu des us et des abus, notamment l'opposition systématique teal / orange. Limitless n'échappe pas à la règle (il suffit de regarder la plupart des affiches du film).
Toutefois, même si cette opposition est présente dans le film, elle a lieu par scène et non en permanence (pas de ça, ni de ça). Les scènes pendant lesquelles le héros est dans son état normal sont ternes, bleues / grisâtres, comme l'image ci-dessus. Sous l'influence de la drogue, les couleurs s'échauffent (voir ci-dessous).
Lors de la transition, la caméra augmente considérablement son angle de vue (ressemblant un peu à un effet fish-eye), les couleurs changent... les phases de "réflexion" sont de plus illustrées par des effets plus ou moins abstraits, la caméra est plus dynamique... Tout contribue en fait à faire sentir (presque physiquement) les limites du personnage normal : terne et étriqué.
Après. |
Enfin, voilà. Ce n'est pas le film du siècle, mais j'ai bien aimé sa manière de représenter l'intelligence, tant dans les petits détails que dans le jeu de l'acteur. Bref, c'est sympa.
Dans le même sujet (certainement la source d'inspiration d'ailleurs) : « Flowers for Algernon » de Daniel Keyes.
RépondreSupprimerPas forcément très prenant, mais creuse bien les conséquences sociales de l'augmentation artificielle de l'intelligence.
Nope, Limitless est inspiré d'un bouquin nommé "The Dark Fields", que je ne connais point. Mais effectivement on sent la proximité avec Algernon.
RépondreSupprimerD'ailleurs il y a eu un film tiré d'Algernon, nommé Charly, fait à la fin des années 60. Faudra que je le regarde.
Un bon petit film, bien sympa, et qui se laisse bien regarder :)
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