jeudi 23 juin 2011

Duke Nukem Forever

(Bon, allez. Pour une fois, au lieu de parler d'un jeu génial et méconnu, je vais parler d'un jeu pourri et trop connu. Ça changera un peu.)

Comme je l'ai récemment mentionné, Duke Nukem Forever est sorti. Avec environ quatorze ans de développement, c'est l'arlésienne la plus connue et la plus critiquée de l'histoire des jeux vidéo. Et après tant de temps, le jeu vaut-il le coup ? Hé bien non, juste non.


La série Duke Nukem date des années 90. À l'époque, elle était connue et appréciée pour son côté transgressif : Duke, c'est l'américain macho musclé, débordant de testostérone, dopé aux stéroïdes et à la bière, qui dégomme à grands coups de fusil à pompe ou de mitrailleuse lourde tous les méchants extraterrestres du coin, qui lâche vanne lourde sur vanne lourde, et qui dépense tout son argent en strip-teaseuses voire en putes. Pas très subtil. L'anti-héros par excellence. Mais c'était de la grosse provocation, et ça passait plutôt bien ; et puis quoi de plus honteusement jouissif que de plomber du méchant à grands coups de "Eat shit and die!", lorsque le gameplay tient la route ?

Mais voilà, ça, c'était il y a douze ans. Depuis, la vulgarité dans un jeu vidéo est devenue plus une norme qu'une transgression, poussant les attentes des joueurs cultivés vers des cieux plus éthérés. Du coup, globalement, l'humour Duke a mal vieilli. Dans un cas ou deux, pendant le jeu, un truc bien gras et bien salace est tellement inattendu (ou osé) qu'on en rigole un peu ; mais le reste du temps, c'est juste mauvais. Aller chercher du popcorn et un vibromasseur pour aller assister à un lap dance privé, le tout sur fond de mauvaises blagues macho et de filles dénudées en pâmoison devant le corps bodybuildé du héros... ça fait vraiment ado frustré, et c'est lassant.

Bon, d'autre part, les deux phrases qui me sont le plus venues à l'esprit pendant que je jouais étaient :
  1. « Ce jeu a quand même mal vieilli. »
  2. « Ah, ça sent le développement bâclé. »
Pour un jeu qui a été repris par un vrai studio et qui a douze ans de prototypes, d'idées mises sur le papier... douze ans de travail, quoi, ce n'est pas juste décevant, c'est carrément hontable.

De l'herbe plate.

En fait, paradoxalement, on sent que le jeu date trop, et qu'il a voulu au fil des années incorporer des tas d'idées, en vrac, sans se soucier de la cohérence. Half-Life 2 a des énigmes avec un moteur physique ? Hey, il faudrait que DNF ait ça aussi ! HL2 a une longue séquence en voiture au milieu des ruines d'un endroit dévasté, pendant laquelle on slalome entre les voitures abandonnées et on met en place des rampes pour réussir à avancer ? Hey si on pouvait mettre ça dans DNF ce serait bien aussi ! Il y a ainsi toute une séquence de Monster Truck qu'on se demande un peu ce qu'elle fait là, qui enchaîne avec une scène bâclée (!) de chariots sur des rails dans une mine, puis un pseudo-western dans la charmante ville fantôme de Morning Wood (tout un programme)... Et globalement tout le jeu est comme ça : une suite un peu sans queue ni tête de séquence sans trop de rapport les unes avec les autres, aux transitions un peu simples.

Et graphiquement, là aussi, l'âge se fait sentir ; on a un peu l'impression que, le temps passant, ils ont simplement augmenté le nombre de polygones des modèles sans améliorer vraiment le moteur lui-même. Du coup on a des modèles très hautes résolutions avec de jolis effets de lumières... et des plantes-sprites immondes. C'est très inégal. Et, globalement, c'est lent. Je suis obligé de désactiver une bonne partie des options graphiques pour que ce soit jouable, et j'ai malgré tout des pics de lag terribles de manière totalement aléatoire, alors que ma config est plutôt haut de gamme...

Half-Life 2: Episode Two ; 2007 Duke Nukem Forever ; 2011

Il faut par contre reconnaître un point sympathique à DNF : ils ne se prennent pas au sérieux, et font constamment référence à d'autres jeux connus ou à des memes récents. Entendre Duke lancer à un ennemi mort "Tonight YOU dine in hell!" ou bien se plaindre "If only I had a crowbar...", c'est drôle. Le soldat Leeroy Jenkins qui court trop vite à sa perte, c'est rigolo aussi. La montée le long d'un couloir en pente dans lequel un alien lance des tonneaux explosifs est vraiment amusante quand elle elle conclue par "I was expecting a monkey!". Mais voilà, c'est très ponctuel. Et ce genre d'allusions ne fait pas un jeu...

Enfin, voilà ; Duke Nukem Forever est une icône, le symbole de la fin d'une ère du jeu vidéo, et pas grand chose de plus que ça... Le jeu ne vaut vraiment pas le coup, surtout à son prix actuel. En fait il n'a de la valeur que par son titre, que pour ce qu'il représente. Eût-il été l'énième production d'un grand studio, avec pour titre le nom d'une des grandes licences du monde du FPS, il n'aurait pas même mérité un article, simple mauvais jeu parmi tant d'autres. Mais c'est Duke Nukem Forever. Une page vient d'être tournée ; et en fait, au final, tant mieux.

1 commentaire:

  1. À voir si Serious Sam va rattraper le concept de jeu finaud cet été.

    SAM I AM!

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